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Coeur vagabond

15 janvier 2013

Un horoscope peut en cacher un autre...

 

Amour

Les belles lettres vous attireront,

mais ne demandez pas la une !

Porté sur la voyelle,

vous veillerez à

ne pas vous retrouver

le u entre deux chaises.

 

Conseil : il faut savoir

liaison garder, remuez-vous les s !

 

 

Santé

Vous connaîtrez

des o et des a,

ne vous arrêtez pas

pour un et de travers !

 

Conseil : ne restez pas

les deux pieds dans

le même stylo. Mettez

les guillemets doubles !

 

 

Relations

Vous aimerez découvrir

le mot rare.

Autant chercher une cédille

dans une botte de points !

Voyez plutôt les proses

en face, les rimeurs seront

de votre côté.

 

Conseil : remettez les

virgules à l’heure, sans pousser

grammaire dans les orties.

 

 

Argent

 

Attendez-vous à payer

les mots cassés…

Voire à tirer la fable par

la queue…pour joindre

les deux ou.

Quand on phonème,

on ne compte pas !

 

Conseil : ne jetez pas

l’accent par les fenêtres.

 

 

Travail

Force de la rature, vous ferez feu

des quatre vers

et vous courrez à rimes abattues.

Prenez garde à ne pas filer un

mauvais pronom.

 

Conseil : qui veut rédiger loin

ménage sa tournure. Ne brûlez pas

la voyelle par les deux bouts !

 

BONNE ANNEE !

 

 

Lettroscope de Pascal Perrat (Extrait)

Libérer son écriture et enrichir son style

- Victoire Editions

 

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4 juillet 2012

Dernier message avant fermeture

L’été est propice aux rengaines nostalgiques et un peu désuètes. L’album posthume d’Henri Salvador arrangé entièrement par Benjamin Biolay est paraît-il dans le genre formidable. Je ne dois pas être encore dans la tonalité de l’été, car aux premières mesures, j’ai juste envie de raccrocher. A réécouter dans un mois, quand les boissons anisées et les siestes sous le cerisier auront suffisamment imprimé leur nonchalance et apaisé le moteur.

En attendant, que se mettre sous la dent ?

Une balade parisienne, un brin branchée et assez réussie. La promeneuse, comédienne du dimanche et modèle pour les luxueux, aurait pourtant tout lieu d’agacer. La surprise n’en est que meilleure, quand dépassant les préjugés, l’agaçante emporte les cœurs.

 A savourer en noir et blanc, car bien sûr Paris, c’est toujours Arletty.

 

Autre coup de cœur pour une artiste qui elle aussi sait tout faire et plutôt bien. En écho à mes propres interrogations (L'humour de mon corps) le texte d’une de ses chansons est un condensé de sagesse frappé au coin du bon sens : Que faire avec mon corps/ je vieillirai avec, que ça me plaise ou non/ il ira ou j’irai / A quoi bon le laisser flamber / je vieillirai avec, que ça me plaise ou non/ il ira ou j’irai.

A méditer sur la plage, sous le parasol à l’abri des u.v.

Voilà, c’est tout pour le moment. Le slow de l’été n’est pas encore sorti du nid, ou alors on ne m’aurait rien dit ! Gageons que les premiers baisers n’en seront pas pour autant retardés. Pour reprendre certains mots qu’une précieuse amie a bien voulu me faire partager : Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront (René Char)

Très bonne récré à tous.


20 juin 2012

Balade arctique

Dans un royaume fort, fort lointain, situé au-delà du cercle polaire arctique entre les 74 et 81° latitudes Nord, à l’extrême extrémité de la Norvège, vivent, au milieu d’un paysage irréel fait de glace et d’eau, des nuées de fulmars boreal, amis de toujours des marins, des hordes de phoques à capuchon, des couples de morses aux moustaches drues et à la peau épaisse, et quelques milliers des plus grands carnivores terrestres : les ours blancs, seigneurs absolus du royaume.

La princesse, un peu débridée et portée sur la bouteille, s’appelle Bea. Elle dessine et caricature pour des journaux norvégiens, collectionne les amants, fait du mauvais esprit et beaucoup d’efforts pour se rendre antipathique. Mue par un désir soudain (qui ne sera pas révélé ici), Bea décide de s’inscrire pour une croisière à bord d’un brise-glace en partance pour la « zona frigida », le royaume perdu mais néanmoins peuplé situé aux confins du monde.

 

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Une fois à bord et connaissance faite de l’équipage, du reste du groupe, de sa cabine, de sa combinaison de survie et de la cave à vins, Bea entre en terre inconnue dans une suite d’aventures dignes des meilleures bandes dessinées. A la lumière du soleil de minuit, qui supprime les nuits et stimule les sens, Bea ouvre les yeux en grand sur une nature enchantée et terrible, se bat avec elle-même, tombe amoureuse du capitaine Haddock, manque de se faire tuer par un ours, règle ses comptes et se fait des amis.

Et par un coup de baguette magique, le charme agit…
Deux nuits et deux jours après, je n’en reviens toujours pas : je suis restée en zona frigida.
Alors ce matin, en me rasant, je me le suis jurée : avant la fin de l’année, je pars vivre mon odyssée glacée. 


16 mai 2012

Même pas peur

A un journaliste un peu goguenard qui lui demandait s’il ne craignait pas la pluie, alors que celle-ci arrosait généreusement les rues de Paris et son beau costume, le nouveau président tout juste investi dans ses fonctions, verres de lunettes embués et déjà trempé jusqu’au slip (pour reprendre la très élégante formule du commentateur) répondit avec panache : Moi, je ne crains rien !

Ah, l’heureux homme, qui à la veille de s’engager dans la plus grosse tempête de son existence sur un navire et avec un équipage incertains, peut ainsi mépriser ces viles émotions – dans l’ordre croissant de pénibilité : appréhensions, inquiétudes, craintes, peurs, angoisses, panique – pourtant si communément partagées !

Et il n’est pas le seul à profiter de cette béate douceur ! Dans une catégorie beaucoup plus exotique, une autre créature du parc humain semble partager cette foi absolue dans son destin. Son nom est unanimement célébré par les chantres de l’électro, vénéré par une cour d’adeptes acquis à son talent et loué par les journalistes de Libération, ce qui n’est pas le moins remarquable. Sébastien Tellier, qui qualifie sa musique de « grandiose au service de l’intime » nous livre un merveilleux et très planant Pépito bleu. Son message et son look, inspirés dans une large mesure du grand Rael, respectable créateur de secte (pour ceux qui l’auraient déjà oublié) font souffler un vent de fraîcheur sur nos têtes.

 
Sébastien Tellier - Pépito Bleu (Official Music Video)

Avec l’avènement d’un nouveau Jean Sans peur à l’Elysée, qui ne craint ni le déluge ni la foudre, et l’arrivée d’un nouveau prophète illuminé, voilà des signes bien rassurants à sept mois de la fin du monde.

 

9 mai 2012

Ephémère

Le printemps a le goût du feu, la frénésie du jeu, la folie de l’adolescence, mais par-dessus tout la religion de l’éphémère. Tout ou rien à la fois, si l’on fait un point à mi-étape, le constat est cruel : pour beaucoup, la fête fleurie est déjà terminée. Rangé, plié, nettoyé, il faudra repasser l’an prochain pour s’en reprendre plein les yeux. Et moi qui ne suis jamais rassasiée !


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Ephémères la fleur de l’amandier, la peau lisse et douce de nos vingt ans, la tendance haussière de la bourse et le pouvoir des présidents. Mortels, nous sommes tous mortels, le fronton du Père Lachaise nous le rappelle pourvu qu’on prenne le temps de le déchiffrer : Nous avons été ce que vous êtes. Vous deviendrez ce que nous sommes.


Ephémères « l’amour, le vent et l'argent, toutes ces choses qu’on ne compte pas, ces choses qu’on ne compte plus, ces choses qu’on ne voit pas, ces choses que je n’ai plus » chante Barbara Carlotti, de sa belle voix élégante (à écouter les yeux fermés, pour échapper à la laideur de la vidéo). 


Barbara Carlotti "L'amour, l'argent, le vent"

 

Arc-boutée sur mes certitudes, au bout de la corde : rien. 
Parfois, comme réconfort, une lecture  (A chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d’avenir disait René Char).
Sur ma table de chevet, en ce moment repose : 


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C’est l’histoire du poète épris de beauté et de sa bien-aimée, frappée par le sort :

"A celle qui s’avance/ un sourire sur les lèvres
fleur d’une chair / encore ferme / qui se découvre / mais lentement s’empoisonne (…)"

Témoin impuissant de ce mal qui couve, dévore et le laisse en dehors - « dans tes pensées même / la nuit fait cercle »- il s’indigne - « cette femme encore jeune / dont je suis éperdu » - égrène comme un chapelet d’émotions des instants de vie, des cris silencieux, des tentatives vaines - « si seulement mon armure pouvait être la sienne » et des espoirs nécessaires – « les bras écartés / en guise de balancier / elle avance à petits pas / non pas le long d’un fil d’acier / mais d’un fil de soie / des ailes ont poussé sur ses épaules ».
D’une délicatesse infinie, ces vers tissent un écheveau salvateur et plein d'amour.
C'est très beau.


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25 avril 2012

le fil d'avril

j’ai perdu le fil, fil rouge, fil d’ariane, fil d’avril

celui des p’tits papiers – papiers dorés ? papiers glacés ? papiers chiffons et à jeter ?

cœur vagabond a voyagé, sans sourciller, sans sursauter, tous phares éteints

la saison n’est pas rêvée, ciel couvert et menaçant

avril pourri, branches cassées, sols détrempés

les idées mauvaises sont ressorties du puits

pas de pitié, seuls les faux sont écoutés

faux sourires, faux programmes, faux semblants

vrai travail vrai travail vrai travail

une partie veut crier halte à la méprise

l’autre à l’affût mange déjà

le cœur obscur de la nuit

 

 

                                    Cet arbre et son frémissement

                                    forêt sombre d’appels,

                                    de cris,

                             mange le cœur obscur de la nuit

                              (….)

 

                              L’arbre d’Antonin Artaud

 

Laissez parler

Les p’tits papiers

A l’occasion

Papier chiffon

Puissent-ils un soir

Papier buvard

Vous consoler

(…)

 

Les p’tits papiers

de Serge Gainsbourg

 

28 mars 2012

Folle de printemps

Tandis que pendant une semaine, des candidats au pouvoir suprême (et consorts) se sont étripés sans souci sur le dos des morts, criant à l’assassin mi-monstre mi-humain, mais rien qui ne nous ressemble, surtout, rien qui ne nous concerne de près, c’est pour ça que c’est si laid, tandis que les oiseaux sourds et ignorants se sont remis à siffloter l’air de rien et danser des quadrilles dans les cours, les jardins, et sur les balconnets, tandis que Dominique A ose réclamer en chantonnant doucement rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté, le vieux bourru de la maison d’à côté se demande quand et comment il a cessé de me saluer et ce qu’on peut bien y faire.
Une vieille histoire de glycine mal plantée, monsieur, vous voulez rire, mais il n’y a rien à faire, rien à changer que dire bonjour avec la main, avec les yeux au moins, et s’il faut du courage, reprenez donc une bonne goulée de cette terre odorante, de ce soleil qui pénètre jusqu’aux os poreux, de ce lierre aux feuilles vert tendre ou de ces jeunes pousses fraîches qui ont franchi comme des nouveaux-nés l’écorce terrestre, pour chercher la lumière et la beauté. 
Ça vaut aussi pour vous, mesdames et messieurs les candidats (et consorts), quand la tentation est trop grande, quand le mot est trop creux. Pour vous étoffer un peu, reprenez donc un peu de lumière et de beauté, la poésie de René Char vous irait comme un gant :

 

Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.

La vérité attend l’aurore à côté d’une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu’importe à l’attentif.

Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.

Il n’y a pas d’ombre maligne sur la barque chavirée.

Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.

On n’emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.

Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de n’avoir pas de fruits.

On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.

Dans mon pays, on remercie.

 

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Poésies choisies
Illustrations (magnifiques) de Chloé Poizat
Collection "Il suffit de passer le pont" (je l'ai franchi d'un bond !)

 

 

 

 

 

 

 

19 mars 2012

Une année studieuse

Jusqu’à l’âge de dix-neuf ans, à quelques détails près, j’ai vécu la même vie qu’Anne : éducation classique, grand appartement bourgeois, collège Sainte Marie, discipline et uniforme bleu marine, baccalauréat, faculté de Nanterre, RER A et choc des cultures…

Dans leur vingtième année, pour une raison inexpliquée, peut-être un effet mystérieux du destin, nos existences ont totalement divergé. La mienne a poursuivi un cours normal, j’ai passé mes examens à la fin de l’année, tandis qu’Anne boycottait les siens et prenait une trajectoire un peu casse-gueule, mais digne des meilleurs romans.

En résumé, et sans la grâce d’écriture du beau livre qu’elle a produit, voici tout ce que je n’aurais pas manqué de vivre dans ma vingtième année, si seulement j’étais née vingt ans plus jeune, sous le nom d’Anne Wiazmesky :

tourner dans plusieurs films de la Nouvelle Vague sans avoir rien demandé, boire des cafés à la cafétéria de Nanterre avec Dany Cohn-Bendit et discuter marxisme-léninisme sans trop y comprendre, adopter un chien bâtard contre l’avis de ma mère et lui demander de le promener quand je découche de la maison, tomber follement amoureuse de Jean-Luc Godard en regardant Pierrot le fou, vivre avec lui une histoire d’amour passionnée, l’épouser en secret dans une bourgade suisse, puis tenter de fuir les photographes en rejoignant Avignon en plein festival, plonger dans la piscine de Jeanne Moreau pendant un week-end très Relais et Châteaux, rencontrer Maurice Béjart, François Truffaut, Bernardo Bertollucci, Jacques Rivette et plein d’autres futures légendes aux prémices de leur gloire…

Elle l’appelle son année studieuse.

Cette année 67, c’était en tout cas le bon timing. Un peu plus tard, c’était trop tard. Rattrapé par son mauvais caractère, Godard aurait très mal tenu son rôle d’amoureux transi. Rattrapés par le temps, les cinéastes de la Nouvelle Vague auraient perdu leur côté glamour et libertaire. Rattrapé par les forces de l’ordre, Dany le Rouge, exfiltré vers l’Allemagne, n’aurait laissé dans les couloirs vides de Nanterre qu’un lointain écho de sa splendeur passée  : « Solidarité entre rouquins ! »

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7 mars 2012

Faut-il lire Claustria ?

En 2009, Joseph Fritzl fut condamné par une cour d’assises autrichienne à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir séquestré sa fille pendant vingt-quatre ans dans le sous-sol de la maison familiale, avec trois des sept enfants qu’il lui fit.

Claustria, c’est le rêve inimaginable et monstrueux d’un père qui voulait disposer de sa fille comme d’une chose et fonder avec elle une famille « sans une goutte de sang mêlé ». C’est le roman de la cave, l’histoire de l’enfermement forcé, des violences, de l’inceste et des silences coupables. C’est le jour qui ne se lève plus, l’air qui ne se renouvelle pas, l’espace réduit à quelques mètres carrés, les dents qui pourrissent, les accouchements sans soins, les enfants qui grandissent sous terre, les coupures d’eau et d’électricité arbitraires, la solitude extrême, la folie qui guette, et ce fil ténu à la vie extérieure avec l’arrivée d’un téléviseur.

 

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Question : qui peut avoir envie et pourquoi faudrait-il se plonger dans ces ténèbres, si l’on n’éprouve aucune fascination particulière pour le mal et le fait divers ?

 

 

 

 

 

 

 

Pour avoir cédé à cette appréhension et finalement absorbé ce petit supplément d’ombre, je n’ai qu’une réponse à proposer : le talent de l’écrivain. Comme avant lui, l’affaire Jean-Claude Romand avait inspiré à Emmanuel Carrère un de ses plus beaux livres, L’Adversaire, Régis Jauffret a écrit à propos de l’affaire Fritzl un roman d’exception. Sans rien cacher de l’indicible, en imaginant l’inimaginable, il décrit avec sensibilité et retenue le quotidien de « ce petit peuple de la cave », les effrois, mais aussi les petites joies et les espoirs, le temps qui n’a plus de sens et la mémoire sans repères, les sensations bien incarnées et les pensées en échappée folle, une humanité souffrante mais bien vivante.

Mêlant fiction et réalité, à l'appui d'une enquête fouillée, il interroge aussi sur cet aveuglement qui a permis à l’« ogre » de continuer à mener une double vie pendant deux décennies, alors qu’épouse, locataires et voisins vivaient à proximité immédiate de la cave, un aveuglement qu’il attribue plus généralement à une société autrichienne toujours en prise avec les démons de son passé. Troublant.

En conclusion et sans crainte, il faut lire Claustria !

 

A lire également :

L'Adversaire d'Emmanuel Carrère
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28 février 2012

Le journal d'Hélène Berr

Dans son premier journal, Hélène Berr écrit sa vie de jeune fille de vingt ans, l’agrégation d’anglais, les couloirs de la Sorbonne, les discussions d’étudiants qui la passionnent, les découvertes littéraires qui l’enflamment, les après-midi de musique à écouter des disques ou à jouer du violon, les parties de campagne avec les copains et partout tout le temps les rues de Paris qu’elle aime et parcourt inlassablement.
Il y a aussi cette rencontre à la bibliothèque avec ce garçon aux yeux gris qu’elle n’attendait pas, une rencontre qui la remue intérieurement, remet tout en cause et l’enjoint de reprendre son journal après neuf mois de silence. Car il y a urgence à écrire, à dire, à lui laisser une trace d’elle. Il est parti loin d’elle, elle est seule face à la guerre, jusque-là tenue à distance.
Dans son quotidien, il y a désormais l’absence de l’être aimé et l’omniprésence de l’ennemi flingueur. Elle doit porter l’étoile, elle se révolte de cette injustice qui la jette en dehors de sa vie rêvée, qui l’expose aux regards des autres et la fait différente quand elle se sent entière. Elle veut éprouver son courage, elle porte l’étoile, refuse de fuir avec sa famille, affronte la fatalité ("Irais-je jusqu'au bout ? La question devient angoissante. Irons-nous jusqu'au bout ?"), puise des forces dans les poèmes de John Keats ou Shelley (« Bright star ! Hung in love splendour among the night / As the billows leap in the morning beams »), se démène pour les orphelins dont les parents ont été déportés, s’indigne des souffrances iniques et des indifférences persistantes qui leur font face.
Elle abandonne ses études, sa vie de jeune fille de vingt ans s’estompe, elle court partout où on l’appelle et continue à écrire pour l’amour de sa vie. Sa voix n’est pas celle d’un lieu, d’une époque, c’est la voix universelle du désir de vivre que porte en lui chaque être humain au seuil de sa disparition. Comme Etty Hillesum et Sophie Scholl, Hélène Berr a choisi, au milieu d’un ciel très noir, de faire étinceler son étoile de toutes ses forces et c’est poignant.

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"Brillante étoile (...)
Etincelant dans la splendeur de l’amour au faîte de la nuit"

J.Keats

"Comme les flots bondissant dans les rayons du matin"

P.B. Shelley, Prométhée délivré

 

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Coeur vagabond
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