La taille de mon âme
Il y a des matins, comme ce matin, où l’on se dit qu’on ne va pas y arriver. Les yeux encore fermés, le compte n’y est pas. Pas envie d’émerger, traverser la rue, croiser le monde, parler (parler, une torture !). Pas le courage de marcher au pas, surnager, faire comme si. Une vague en creux, un soupçon d’irréalité. Il y a des matins comme ça, la vie est simplement douloureuse, et le plus étonnant, c’est qu’on ne sait pas vraiment pourquoi.
Et puis là, dans cet état de veille (un peu) désespéré, une voix, un texte, une mélodie vous tombent dessus. Les trois à la fois, sans quoi l’alchimie pourrait ne pas opérer. Ils traversent la couverture du temps, franchissent tous les barrages sans prévenir et comme des flèches téléguidées vont droit au but. Le cœur, l’âme ou l’esprit, peu importe, tout est secoué à en pleurer.
Si tu savais mes nuits… rien
Si tu savais mes rêves… rien
Si tu savais mes rires… rien
Si tu savais mes joies… rien
Mais si seulement tu savais la taille de mon âme…
Cette voix frêle, parfois parlée ou chuchotée, a connu toutes les révoltes et les galères, et rescapée des enfers, file désormais tout droit vers la lumière. Elle parle des douleurs qui ne s’effacent pas, des disparus partis vers l’infini, des jours qui s’enfuient, et aussi du printemps si beau, des rires d’enfants, des anges et du divin.
Consolante, apaisante, lumineuse, à l’écouter une fois, deux fois, tout compte fait, on se dit qu’on a peut-être trouvé un remède aux petits matins brumeux.
http://www.youtube.com/watch?v=cxPseJxHtX4&feature=related
La taille de mon âme
Un album planant de Daniel Darc
A réécouter aussi : Crèvecoeur (2009)