Noël en rêve
Quand on voit Noël en rêve, on se dit que c’est forcément quelque chose de merveilleux, mais en réalité est-ce que ça n’a pas fini un jour par nous échapper ?
Le jour où le Père Noël et sa bande de lutins ont cessé d’exister, est-ce que ça n’a pas tué un peu l’idée ?
Et la fois où il a fallu remercier pour ce cadeau qui n’avait l’air de rien.
L’année où on est revenu de tout, qui est aussi l’année où décorer le sapin est devenu une corvée.
Celle où le bruit et les rires n’ont pas comblé les manques et les absents.
Et celle où on a dû s’inventer une posture pour ne pas trop dépareiller…
Peut-être qu’on en attend trop et qu’en définitive, on n’en obtient pas assez…
Peut-être que toutes ces vitrines encombrées, ces listes de cadeaux et ces foules enfiévrées, ça finit par lasser. On en oublie même d'interroger ces mystères qui peuvent donner sens aux traditions.
Dans le flou, il y a encore ces petits riens, ces petites étoiles qui allument le quotidien. A Noël, ce sont peut-être les bougies qui tremblotent sur la cheminée, le chatoiement des papiers cadeaux sur le plancher et ces petits pieds impatients qui trottinent dans toute la maisonnée. Avec un peu de chance, il y a aussi ce cri enfantin qui va attirer vers la fenêtre comme un aimant, le front appuyé contre la vitre pour contempler le miracle du ciel : il neige ! il neige enfin !
Alors, « apparaissent les rois mages : la mélancolie, le silence et la joie. Ils avancent lentement dans l’air bleu. Ils emmènent avec eux une couronne d’ombre, une larme d’or. Ils viennent de l’enfance. Ils pénètrent dans l’âme. Lentement. Jour après jour. La mélancolie, le silence et la joie. Dans cet ordre-là toujours : le silence au milieu, au centre. »
Une petite robe de fête
un livre de Christian Bobin