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Coeur vagabond
2 décembre 2011

Un air de crise

 Il est toujours un peu difficile de s’enfoncer dans le noir. Chaque année, à l’approche de l’hiver, c’est ce qu’on s’entend dire à l’intérieur de soi. Pour conjurer la nuit, chacun a son gri-gri. On fait un shopping frénétique, on allume des bougies et de l’encens, on regarde des comédies romantiques, on ressort des cartons les boules de couleur, on écoute du jazz ou des cantiques, quand la nuit tombe à cinq heures.

Photo0811

 

Cette année, la nuit s’ajoute à la nuit. Partout il se dit qu’on ne passera pas l’hiver, ou alors dans un drôle d’état de nerfs. La crise est sur les ondes et dans les journaux et comme toutes les pestes, pollue les esprits avant même de s’attaquer aux corps.

Photo0812

 

On a envie de les faire taire ceux qui sous prétexte d’alerte font monter les peurs, on a envie de les faire taire ceux qui vivent de commentaires. Ils disent craindre les spasmes d’un système qui défaille et pourtant bizarrement ils continuent à le défendre. Pour une fois, retirons la parole aux experts (journalistes, analystes, économistes, sondeurs, politiques,…) qui occupent tout l’espace médiatique. J’ai envie d’entendre d’autres mots que déficit, compression de budget ou faillite.

Spinoza disait : Face à la peur, il n’y a que la joie.

 Photo0820

 

Et Boris Vian :

Ils cassent le monde En petits morceaux Ils cassent le monde A coups de marteau Mais ça m'est égal Ca m'est bien égal
 Il en reste assez pour moi Il en reste assez Il suffit que j'aime Une pierre bleue Un chemin de terre Un oiseau peureux Il suffit que j'aime
Un brin d'herbe mince Une goutte de rosée Un grillon des bois Ils peuvent casser le monde En petits morceaux  Il en reste assez pour moi Il en reste assez J'aurais toujours un peu d'air Un petit filet de vie Dans l'oeil un peu de lumière Et le vent dans les orties
Et même, et même S'ils me mettent en prison  
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez Il suffit que j'aime Cette pierre corrodée
 Ces crochets de fer Où s'attarde un peu de sang Je l'aime, je l'aime La planche usée de mon lit La paillasse et le châlit La poussière de soleil J'aime le judas qui s'ouvre Les hommes qui sont entrés Qui s'avancent, qui m'emmènent  
Retrouver la vie du monde Et retrouver la couleur J'aime ces deux longs montants Ce couteau triangulaire Ces messieurs vêtus de noir
 C'est ma fête et je suis fier Je l'aime, je l'aime
 Ce panier rempli de son Où je vais poser ma tête  
Oh, je l'aime pour de bon Il suffit que j'aime
 Un brin d'herbe bleue Une goutte de rosée Un amour d'oiseau peureux
 Ils cassent le monde Avec leurs marteaux pesants Il en reste assez pour moi Il en reste assez, mon cœur 

 Photo0805

 

Pour conjurer les rumeurs de crise, j’ai coupé la radio. Dans ma voiture, à la place des infos, j’écoute la voix de Trintignant (je n’aime pas beaucoup le comédien, mais là, il est merveilleux). Il dit des poèmes de Robert Desnos, Jacques Prévert et Boris Vian, c’est enregistré sur scène, ça n’a rien d’ennuyeux, c’est juste beau. Et qu’est-ce que ça fait du bien !

 31gHPWk-AUL

Vian, Prévert, Desnos
Un enregistrement de Jean-Louis Trintignant

 

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Commentaires
P
Bien d'accord marre de ces sirènes. <br /> alors vive la poésie
Coeur vagabond
  • Coeur vagabond, ce sont des coups de coeur et des coups au coeur. Un blog qui vagabonde et part à l'aveuglette, à la recherche de mots soyeux ou rugueux, d'images noires ou lumineuses, de mélodies qui sonnent et résonnent, sans autre désir que partager...
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